Vacances en France : le décalage émotionnel

Si vous voyagez, vous connaissez le décalage horaire. Si vous êtes expat, vous connaissez le décalage émotionnel !

Qu’est-ce que j’étais heureuse d’être de passage en France pour l’été ! Retrouver la famille, faire le tour des amis, raconter ma nouvelle vie ! C’était sans compter sur le décalage émotionnel…

J’avais calé une semaine de vacances avec une amie de longue date et j’avais hâte de la retrouver. On n’avait échangé ensemble qu’un mail ou deux depuis mon départ un an auparavant. J’avais tellement de choses à lui raconter !

Mon enthousiasme a été rapidement freiné. Mon amie n’avait aucune envie de passer ses vacances à écouter mes récits dithyrambiques sur la positivité des américains ou nos multiples voyages…

Premier décalage émotionnel…

Je me rendais bien compte que non seulement mes émotions positives dénotaient dans la morosité ambiante mais leur intensité pouvait mettre mal à l’aise des personnes habituées à plus de mesure.

Je m’épanchais alors sur ma condition de femme expat à la maison. La perte d’un statut social, le sentiment d’inutilité, les questions existentielles et les diverses recherches pour trouver ma voie.

Là, le sujet accrochait plus, mais franchement, qui étais-je pour me plaindre? Deuxième décalage émotionnel. Pourtant, je ne me plaignais pas, je partageais juste mon vécu…

Au bout de quelques jours, je dus me rendre à l’évidence, ma vie était sans doute devenue trop différente de celle de mon amie pour avoir des choses à partager.

Alors bien sûr, on passait de très bons moments tous ensemble avec ses filles mais j’aspirais à des conversations de fond, à des échanges en cœur à cœur.

Lorsque je l’interrogeais, je posais les questions qui m’intéressaient moi : Quels sont tes projets, Où est-ce que tu te vois dans 5 ans, Qu’est ce qui te fait vibrer dans ton métier actuel ? Est-ce que tu vis la vie de tes rêves ? Si tu changeais quelque chose, ce serait quoi ?

Apparemment, je me posais trop de questions. Et si j’avais du temps pour me les poser, tant mieux. Elle, du temps, elle n’en avait pas, ou si justement, elle en avait un peu là mais elle aurait bien voulu le passer tranquille. Alors si je pouvais arrêter de la saouler avec mes questions bizarres ! Troisième décalage émotionnel. La richesse de ce que j’avais vécu à l’étranger faisait que je ne pouvais plus rester en surface dans mes échanges avec autrui, en particulier avec une amie proche.

Le dernier soir, une amie commune est passée nous voir.

C’est avec elle que j’ai eu les conversations les plus intéressantes. Avec elle que j’ai pu partager mon expérience et exprimer ce sentiment de décalage. Elle avait été expat aussi…

L’expatriation nous ouvre à une telle palette d’émotions qu’il est très fréquent de se sentir en décalage avec nos proches restés au pays.

Pas toujours évident d’accepter que le rapport change, de faire le deuil d’un lien qui n’est plus le même. Plutôt que de dramatiser ou culpabiliser, on peut juste accepter que la relation soit différente pour le moment. Rien de définitif. La relation a changé parce qu’on a changé. L’autre chemine aussi, on se retrouvera peut-être plus tard. En attendant, on peut choisir de voir toutes les autres personnes autour avec qui on se sentait auparavant en décalage. Peut-être qu’on est aujourd’hui sur la même longueur d’ondes ?

Et vous ? Vous sentez-vous aussi en décalage émotionnel quand vous rentrez en France ?