J’ai découvert que ma grand-mère avait été expat !

By Juliette Potin | Expat

Août 27
grand mère expat

Je savais que ma grand-mère avait passé une année à New-York. Mais j’ai seulement réalisé cet été, en en discutant avec elle, la similarité avec ma propre histoire d’expat ! Nous sommes en 1950. Mon grand-père, médecin ORL obtient une bourse pour enseigner et faire de la recherche à l’université de Columbia. Ma grand-mère part donc avec lui en expat pour un an. 65 ans plus tard, comme elle, je suis mon mari muté dans le Maryland. Comme elle, je passe par différentes phases d’euphorie, de découragement et d’adaptation.

Phase 1 : l’aventure et la nouveauté

C’est en bateau que mes grands-parents traversent l’Atlantique. Ils viennent de se marier et c’est un peu leur voyage de noces. Mais la mer est agitée par les grandes marées et mon grand-père a le mal de mer. Il passe l’ensemble des 15 jours de la traversée alité. Pas terrible comme lune de miel !

A l’arrivée, ma grand-mère est frappée par l’abondance de nourriture disponible : viande, fruits, et légumes. Alors qu’en cette période d’après-guerre, la France connait encore beaucoup de restrictions. La présence de fraises à Noël lui semblera tellement incroyable ! Toute cette profusion lui donne un grand sentiment de liberté, même si elle est quand même limitée par son porte-monnaie…

De mon côté, ce n’est pas mon premier séjour aux Etats-Unis mais mes premières virées au supermarché sont également une sacrée aventure. Je m’amuse des rayons entiers de chips et de snacks. De la perfection des fruits qui paraissent être en plastique et des gâteaux multicolores pas vraiment appétissants.

Et comme ma grand-mère, je suis charmée par l’accueil des américains, leur gentillesse et leur optimisme.

Phase 2 : La solitude et les difficultés à se faire un réseau amical

Mon grand-père part tôt et rentre tard du coup ma grand-mère passe de longues journées seule. Ils sont installés à Leonia, dans le New-Jersey.  Il faut prendre plusieurs bus pour se rendre à Manhattan, ce que ma grand-mère n’ose au départ pas faire seule de peur de se perdre.

Elle brise la solitude lors de réunions de voisins organisées par sa logeuse (une allemande du nom de Mrs Trump !) mais n’y fait pas de grandes rencontres amicales.

Il y a aussi la barrière de la langue, avec l’accent américain auquel elle ne comprend au départ rien du tout. Et tous les accents des autres étrangers émigrés !

Comme elle, je vis les premières semaines des journées dans lesquelles les heures me paraissent longues.  Je me sens seule, totalement inefficace et inutile. Les occasions de rencontrer du monde et de parler anglais sont rares. J’avoue avoir parfois envie de me recoucher après avoir déposé les enfants à l’école

Phase 3 : Des projets pour remonter la pente

Pour tromper l’ennui, ma grand-mère loue un piano sur lequel elle étudie de nombreuses heures. Moi, je me lance avec avidité dans des Moocs et des cours en ligne.

Côté rencontres, c’est mon grand-père qui tisse pour eux du lien social. Il ramène ses collègues à diner à qui il faut faire goûter la « French cuisine ». Heureusement, leurs invités sont faciles à épater et ils s’extasient devant les plats en sauce que ma grand-mère apprend à cuisiner pour l’occasion.

Moi aussi j’ai cuisiné mon premier bœuf bourguignon pour des américains! Plus souvent, j’ai fait des crêpes, ça faisait toujours son petit effet. Au moment de les garnir de leur choix, les américains choisissaient généralement de tout mettre : confiture, nutella, sucre glace et chantilly !

Pour rencontrer du monde, structurer mes semaines et retrouver de la motivation, j’ai multiplié les activités. En rejoignant un groupe de randonnée. En participant à un cercle de lecture. Et en m’investissant beaucoup dans l’école de mes enfants. J’ai aussi créé un groupe amical de cuisine avec des expats de toutes nationalité dont je publiais les recettes sur un blog.

Phase 4 : Profiter du séjour

De son séjour à New-York, ma grand-mère retient surtout toutes les visites et les voyages qu’ils faisaient le WE et lors de leurs quelques jours de congés. Une virée dans les Hamptons, invités par un collègue, où on lui avait prêté un maillot-robe pour se baigner. Noël à Montréal, chez des amis canadiens. Et la virée dans l’ouest américain pour conduire des voitures de garage en garage d’une côte à l’autre.

Nous aussi on a bien profité de l’occasion pour sillonner le pays. Faire 6 heures de route le vendredi soir pour aller voir les chutes du Niagara. S’émouvoir d’entendre parler français dans le bayou de Louisiane. Ou randonner dans les grands parcs de l’ouest, on en a pris plein la vue !

Phase 5 : Avoir un projet pour le retour et donner du sens à son expérience.

Pour ma grand-mère comme pour moi, cette expérience n’était qu’une parenthèse. Et au retour, c’était important d’avoir un nouveau projet pour ne pas tomber dans la nostalgie de tout ce qui a été vécu. Le projet de ma grand-mère était tout trouvé puisqu’elle était enceinte et est rentrée accoucher en France. De mon côté, je me suis lancée dans une formation de coaching et ai créé mon activité … auprès des expatriés !

Mes grands-parents ont continué à être très investis dans l’accueil des collègues étrangers. Ils ont aussi transmis à leurs petits enfants le goût du voyage en les emmenant chacun en week-end dans une grande ville européenne pour leurs 10 ans.

Rigolo non comme finalement ce goût pour le voyage et l’expatriation trouve son origine dans mes racines familiales ! Si vous aussi vous avez eu des grands-parents immigrés ou expat, racontez-moi l’influence qu’ils ont eu sur vous.

PS : c’est la rentrée et vous avez envie de travailler sur un projet bien à vous? Parlons-en ensemble lors d’une séance découverte gratuite.

 

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About the Author

Je suis Juliette Potin, coach professionnelle depuis 2018. J'ai vécu plusieurs années à l'étranger,notamment aux Etats-Unis où je me retrouve à la maison après 15 ans de postes à responsabilité dans l'industrie. L'expérience de ne plus pouvoir me définir par mon statut social est déstabilisante, celle d'avoir du temps devant moi : vertigineuse! Petit à petit, en me reconnectant à moi-même et à mes aspirations, je me suis autorisée à me ré-inventer. Aujourd'hui de retour en France, j'accompagne les personnes qui ont un temps mis leur carrière entre parenthèses, à reprendre confiance, révéler leurs talents et suivre leurs élans pour (re)trouver une activité pro alignée avec qui elles sont.

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