« Je sais ce qu’est le choc culturel… on m’a prévenue. Ces 4 étapes par lesquelles on passe lorsqu’on est confronté à une culture différente de la nôtre. Mais là, ce n’est pas ça que je vis… Ça n’a rien à voir avec leur culture, je n’ai rien contre eux ! J’ai juste un petit coup de mou… Normal après la frénésie des derniers mois. Le déménagement, l’installation, les démarches administratives… Je n’ai pas arrêté, c’est le contre coup! Les enfants ont fait leur rentrée, tout le monde a pris ses marques et je me retrouve sans rien à faire sur ma to-do list. Ça fait bizarre mais c’est normal d’être un peu déboussolée, non ? Mais ça va aller…c’est juste un petit passage à vide… »
Voilà ce que je répétais quelques semaines après mon arrivée aux Etats-Unis. Contente d’être là, curieuse de tout découvrir, ravie de faire un break professionnel, et pourtant, au milieu d’un sacré passage à vide… Choc culturel ? Je n’ai jamais voulu l’admettre. Et pourtant, ça y ressemblait…
Le choc culturel peut se traduire par un simple sentiment d’inconfort ou nous plonger dans un total repli sur nous-même. Dans tous les cas, le plus compliqué, c’est de le reconnaître chez soi ! On le voit bien chez les autres, on l’identifie dans notre expérience à postériori, mais sur le moment, on a bien du mal à prendre du recul et à mettre des mots sur nos émotions en montagnes russes.
L’explication vient sans doute du fait qu’on vit un deuil de sa vie d’avant, en plus du choc culturel. Le deuil de son statut social, de sa routine, de son environnement amical et familial. Alors si l’adaptation à la nouvelle culture ne semble pas poser de problème, il reste le deuil de ce que l’on a quitté et l’adaptation à tout ce qui est différent ici : être à la maison, être dépendante financièrement, être en recherche d’emploi, être en recherche d’amis…
Lorsque les 2 courbes se superposent : phases du choc culturel* et phases du deuil*, ça donne ça :
De plusieurs semaines avant le départ à plusieurs semaines après l’arrivée : Tout vous semble parfait dans votre pays d’adoption. Tout est nouveau, exotique, chaque jour est une aventure. Vous êtes enthousiaste et avez envie de tout voir, tout tester.
L’ajustement se fait graduellement, sur plusieurs mois. Non seulement vous comprenez et acceptez mieux les habitudes et les normes culturelles de votre pays d’accueil, mais vous commencez à faire le deuil de votre vie d’avant. D’abord en mode marchandage « OK mais… (si c’est moi qui fait à manger pendant la semaine parce que j’ai du temps, tu fais à manger le WE !), Puisque je …(ne peux pas travailler, je reprends des études à distance) » Vous êtes aussi plus à l’aise dans vos interactions. Vous retrouvez votre énergie et votre envie d’entreprendre.
Ce processus peut prendre plusieurs années. Vous atteignez l’aisance biculturelle lorsque vous vous sentez aussi à l’aise dans votre culture d’accueil que dans votre culture d’origine et vous construisez une identité entre les deux. Et vous savez que vous avez fait le deuil de votre vie d’avant lorsque vous assumez complètement votre nouvelle situation.
Au retour dans notre pays d’origine, on vit alors un choc culturel inversé. Ce qui nous semblait auparavant naturel dans la culture de notre pays est maintenant sujet à des critiques et des comparaisons. On doit faire de nouveau le deuil de notre vie là-bas, la routine qu’on s’était construite, notre environnement, nos amis… On repart dans le déni (ça va aller, c’est mon pays, je connais). La révolte (Mais pourquoi est-on rentrés ?). Les doutes (Je ne retrouverai jamais un boulot). La nostalgie (C’était tellement mieux là-bas). La résignation (Tout ça c’est du passé, je ne peux rien y faire). Jusqu’à ce que l’on retrouve un équilibre en tenant compte de l’expérience vécue et de la nouvelle personne qu’on est devenu.
Personnellement, je me retrouve mieux dans cette description du choc culturel : un processus à la fois d’adaptation à une nouvelle culture couplé à un deuil de notre vie d’avant. Et vous ? Vous retrouvez-vous dans les phases du choc culturel ? Où en êtes-vous dans votre processus de deuil de votre vie d’avant ?
* Les phases du choc culturel ont été mis en évidence par Kalervo Oberg, anthropologue canadien, et la courbe du deuil par Elizabeth Kübler Ross, psychiatre helvético-américaine.
Juliette Potin a vécu plusieurs années à l'étranger, en Italie, Turquie et plus récemment aux Etats-Unis où elle se retrouve à la maison après 15 ans de postes à responsabilité dans l'industrie. L'expérience de ne plus pouvoir se définir par son statut social est déstabilisante, celle d'avoir du temps devant soi : vertigineuse! Petit à petit, en se reconnectant à elle-même et à ses aspirations, elle s'autorise à se ré-inventer. Aujourd'hui, elle accompagne les expatriés dans cette quête d'eux-mêmes, formidable opportunité d'un nouveau départ.
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Coucou Ju, je viens de lire tes articles !! bravo ! j’ai l’impression de vivre à travers tes mots des moments de ma vie ! j’aurai bien eu besoin d’un coach à certains moments tout ce que tu écris résonne en moi et m’a émue profondément !
Je souhaite que tu reçoives plein retours, plein de clients qui sont à la recherche d’une personne comme toi !
je pense que tu as vraiment trouvé ta voie !
Je t’embrasse fort
Mabé
Merci Mabé !
J’ai beaucoup apprécié tes articles, très bien construits et clairs, agréables à lire.
Même si je n’ai jamais été expat 😉 , j’ai vécu parfois difficilement le retour de certains expat dans mon entourage, je comprends mieux maintenant ce par quoi il sont passés… et leur difficulté à apprécier parfois la France à leur retour…il faut laisser le temps au temps!
Et je retiendrai que pour être « bien là tout de suite maintenant » il faut apprécier l’instant présent, sans se laisser polluer par le passé ou le futur, c’est bien vrai ça!
Merci Juliette!!!
Merci Sophie !