Je me sens fragile

By Juliette Potin | Expat

Mai 29
fragile en expat

Je vous ai déjà raconté le jour ou j’ai emmené mes enfants à l’école en pyjama… et où je me suis recouchée après ? J’ai toujours eu une bonne résistance au stress. J’avais un poste à responsabilité dans l’industrie, une équipe de 20 bonhommes. J’ai mené des entretiens de recrutement et des entretiens de recadrage. J’ai subi du harcèlement moral, des clients tyranniques, des semaines de déplacements épuisantes et pourtant, je n’ai jamais flanché ! Et puis, un jour, en expatriation, j’ai réalisé que je me sentais extrêmement fragile. J’ai réalisé que cette carapace que je croyais avoir était complètement fissurée.

Effectivement, j’avais les larmes aux yeux face à la standardiste de l’école des enfants me demandant comment je trouvais le pays… Je piquais un fard devant l’hôtesse de caisse du supermarché ne comprenant pas sa question après lui avoir fait répéter 3 fois. Et je fondais en larmes le soir dans le canapé, devant mon mari médusé et bien embêté. Qu’est ce qui s’était passé ?

Pour moi cela n’avais aucune explication rationnelle. J’étais sincèrement heureuse. J’avais choisi cette expatriation et j’avais choisi de ne pas travailler pour profiter des enfants et faciliter l’adaptation de toute la famille.

Mais je me sentais vide. Loin de mes anciens collègues, amis, famille pour me renvoyer l’image de la femme forte que j’étais, je me sentais nulle et inutile. Et puis j’avais honte d’être si fragile. Je ne me reconnaissais plus. Je ne savais plus très bien qui j’étais d’ailleurs. 

Voici ce qui m’a aidé :

Accepter l’idée que je ne vais pas bien. 

C’est le plus difficile à admettre. Quand j’ai avoué à une maman de l’école que j’avais envie de me recoucher le matin une fois les enfants partis. Elle m’a dit : « tu déprimes ». J’ai dit : « mais non, pas du tout, tout va bien, j’ai connu pire » mais ça sonnait faux. Accepter l’idée qu’on ne va pas bien même si on culpabilise à l’évocation de cette même idée, c’est le premier pas pour s’en sortir. Parce que si on l’admet, on peut envisager des solutions.

Mettre dans mes journées des choses qui me donnent de l’énergie. 

Cela n’a pas du tout été évident pour moi au départ parce que ça faisait bien longtemps que je ne m’étais pas posé la question de ce qui me faisait du bien et ce qui me donnait de l’énergie. Mais petit à petit, j’ai trouvé : organiser des déjeuners avec des personnes que j’avais envie de mieux connaître, aller marcher sur l’Appalachian Trail, rendre service à l’école, suivre des cours de civilisation américaine…

Comprendre ce qui se passe et que c’est une étape. 

Se renseigner sur la courbe du choc culturel / deuil de sa vie d’avant. Parce qu’en fait, on passe tous par là! et on se sent moins honteux quand on comprend que c’est normal et presqu’un passage obligé.

Me faire aider. 

Ce qui m’a sauvé c’est de pouvoir échanger avec mon amie suédoise qui vivait la même chose que moi, qui avait elle aussi quitté son statut de femme active pour suivre son mari et ne vivait pas super bien de se retrouver à la maison. Pas toujours évident de se confier à nos amis ou famille restés en France. Ils ne comprennent pas ce qu’on traverse et tentent de nous faire voir le bon côté des choses, nous renvoyant alors à notre culpabilité. Si vous n’avez pas d’amie à qui vous confier sur place, n’hésitez pas à faire appel à un psychologue ou un coach.

Apprendre à accueillir mes émotions

Je savais déjà avant de partir que j’étais une grande sensible. Je crois que l’expatriation a mis à nu la fragilité que j’avais si bien réussi à camoufler jusque-là. Ce fut l’opportunité de commencer un travail sur moi, pour accepter ces émotions envahissantes et en faire des alliées et non des ennemis.

Et vous, vous sentez vous plus fragile en ce moment ?

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About the Author

Je suis Juliette Potin, coach professionnelle depuis 2018. J'ai vécu plusieurs années à l'étranger,notamment aux Etats-Unis où je me retrouve à la maison après 15 ans de postes à responsabilité dans l'industrie. L'expérience de ne plus pouvoir me définir par mon statut social est déstabilisante, celle d'avoir du temps devant moi : vertigineuse! Petit à petit, en me reconnectant à moi-même et à mes aspirations, je me suis autorisée à me ré-inventer. Aujourd'hui de retour en France, j'accompagne les personnes qui ont un temps mis leur carrière entre parenthèses, à reprendre confiance, révéler leurs talents et suivre leurs élans pour (re)trouver une activité pro alignée avec qui elles sont.

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