Contrairement aux français se sentant enfermés chez eux, confinés ou contraints, de nombreux expats, plus libres au quotidien dans leur pays d’accueil, vivent la frustration inverse d’être enfermés dehors *. Ils sont dans l’impossibilité de rejoindre la France, ou s’ils le font, auront l’interdiction de revenir ensuite. Comme lorsque l’on claque la porte de son appartement et que l’on ne peut plus rentrer chez soi.
Dans un cas comme dans l’autre, ce sentiment d’enfermement est exacerbé par le manque de perspective d’amélioration à court terme.
Dans les deux cas, nous sommes focalisés sur ce que nous ne pouvons pas faire. Pour nous ici: déjeuner en terrasse avec une amie, passer la journée avec un proche qui vit à plus de 10kms, partir en vacances en famille, travailler au calme sans enfants autour. Pour d’autres, là-bas, tout cela est possible, ou en partie. Mais ce qui les frustre c’est de ne pas avoir vu leur famille depuis plus d’un an. De n’avoir qu’un vol par semaine au cas où ils devraient rentrer en urgence. Ne pas savoir s’ils pourront voyager pour l’été. De devoir respecter des mesures de quarantaine drastiques à leur retour…
Chacun de notre côté nous ne mesurons pas la chance de ne pas avoir les contraintes de l’autre. Nous ici nous pouvons nous déplacer pour motif impérieux. Nous pourrons voir nos parents cet été. Et nous pouvons faire revenir notre enfant étudiant à la maison quelque temps. Savoir que nous pourrions avoir d’autres contraintes ne nous fait malheureusement pas plus profiter de ce que nous avons.
Sonia est installée à Pékin depuis 2 ans. Elle n’a pas vu ses 3 enfants étudiants depuis plus d’un an. Elle a fêté Noël avec eux sur zoom… Mais plutôt que de se focaliser sur ce qu’elle ne peut pas faire ni avoir, elle m’explique qu’elle profite de tout le reste. « Je ne lis plus et n’écoute plus les conversations autour de moi au sujet des ouvertures et fermetures des frontières. Je me suis rendue compte que cela alimentait chez moi des frustrations et de la tristesse qui me prennent de l’énergie et ne me servent finalement à rien. J’ai décidé de profiter à fond du temps que j’ai ici. Comme ça, j’aurai plein de trucs à raconter à mes enfants quand je les verrai. Au lieu de leur dire que j’ai passé mon temps à me morfondre et à m’inquiéter ! »
J’ai trouvé la vision de Sonia inspirante et pleine de bon sens. Je suis déjà d’un naturel optimiste mais j’en ai profité pour faire la liste de tout ce qui était possible et que j’avais envie de faire dans les prochaines semaines: faire de la corde à sauter avec mon fils en guise de récréation, cuisiner un brunch en famille pour Pâques, apprendre la chorégraphie Jerusalema…
Et vous, enfermés dehors ou dedans, vous allez vous focaliser sur quoi ?
* d’après la métaphore de la psychanalyste Fabienne Kraemer, dans le Psychologies magazine de ce mois-ci.
PS : Changer de regard sur ses soucis, petits ou grands, c’est possible. Profitez d’une séance gratuite d’exploration pour commencer à changer de focale.
Image par Stephanie Ghesquier de Pixabay
Je suis Juliette Potin, coach professionnelle depuis 2018. J'ai vécu plusieurs années à l'étranger,notamment aux Etats-Unis où je me retrouve à la maison après 15 ans de postes à responsabilité dans l'industrie. L'expérience de ne plus pouvoir me définir par mon statut social est déstabilisante, celle d'avoir du temps devant moi : vertigineuse! Petit à petit, en me reconnectant à moi-même et à mes aspirations, je me suis autorisée à me ré-inventer. Aujourd'hui de retour en France, j'accompagne les personnes qui ont un temps mis leur carrière entre parenthèses, à reprendre confiance, révéler leurs talents et suivre leurs élans pour (re)trouver une activité pro alignée avec qui elles sont.
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