Ma vie comme un chantier

Ma maison est en travaux depuis des mois. Et comme c’est aussi mon lieu de travail, je cohabite avec les artisans. La plupart du temps c’est sympa. Je les entends travailler, preuve que le chantier avance. Je les entends rigoler et chanter et je profite de leur bonne humeur. Et puis je fais ma pause-café avec eux, et me régale de leur parcours et de leur savoir-faire.

D’autres fois c’est plus compliqué : le plombier perce un mur en mâchefer et je me retrouve dans un nuage de poussière malgré l’étage et les 2 pièces qui nous séparent.  L’électricien coupe bien entendu ma connexion internet en pleine réunion. Et le façadier me fait coucou derrière la fenêtre alors que je suis en ligne avec un client…  Du coup, je m’adapte. Je ferme les portes pour m’isoler du bruit et de la poussière. Je change de pièce au grès de leurs interventions voire je quitte la maison pour quelques heures.

La vie, c’est comme ce chantier.

La plupart du temps, c’est chouette. Tout se déroule sans accrocs, les relations sont bonnes. D’autres fois, des aléas viennent bousculer ce qu’on a prévu. On est moins patient dans nos interactions et on se braque. Ou se décourage parce que le résultat n’est pas conforme à ce que l’on avait en tête. Ou encore on se stresse parce qu’on manque de temps ou d’argent.

Avec les artisans, ça me semble évident de m’adapter. C’est moi qui leur ai demandé d’embellir ma maison. Je ne vais pas commencer à m’énerver, à demander le calme ou à régler leurs allers et venues. Je compose parce que je sais que ces situations, aussi pénibles soient-elles, servent mon objectif. Et je relativise en pensant au magnifique bureau dans lequel je serai bientôt.

Ce qui manque parfois dans la vie, c’est cette perspective du résultat final qui permet de relativiser.

On oublie souvent de se demander ce que l’on souhaite, quelle est la vision que l’on poursuit alors qu’en se posant la question, on pourrait relativiser nos aléas tout autant que sur un chantier.

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